Titre original: Boardwalk Empire the birth, high times and corruption of Atlantic City
Maison d'édition française: Florent
Massot
Date de publication: 2002 aux USA et
2011 en France
Nombre de pages: 302
L'histoire du lieu de perdition
maritime le plus célèbre des Etats-Unis au travers des hommes qui
l'ont bâti...
Boardwalk Empire...un nom que l'on
associe généralement à l'excellente série HBO crée par Martin
Scorcese et produite par Mark Wahlberg. Diffusée à partir de 2010,
elle bénéficia d'une excellente réputation, amplement méritée
grâce à son formidable casting et sa reconstitution flamboyante des
années 20. Prenant place dans l'Atlantic City de la Prohibition,
elle nous narre le parcours tortueux de Nucky Thompson, un politicien
véreux basculant dans le crime organisé grâce au contexte propice
de ces temps troublés. Si vous ne l'avez pas vue, foncez de suite,
d'autant qu'elle vient de se terminer en beauté à l'issue d'une
splendide cinquième saison. Ce qui est moins connu en revanche,
c'est que tout cela est en fait l'adaptation d'un ouvrage historique
passionnant, qui a donné son titre à la série.
Boardwalk Empire le livre, donc, est
une somme assez riche, basée sur de nombreux entretiens auprès
d'habitants et de recherches minutieuses. Fruit de vingt ans de
travail, il aborde de nombreuses problématiques et est des plus
objectifs, n'hésitant pas à montrer le côté le plus sombre de la
métropole océanique... Là où la série ne se focalise que sur
certains éléments et périodes précis, le livre embrasse toute
l'histoire de la ville et remonte même à avant la fondation
officielle de cette dernière. On commence donc par la fin du 18ième
siècle, où seul un petit village de pécheurs se tient sur les
bords venteux de l'océan. Puis, on se focalise sur l'année 1854, le
moment où les habitants arrivent en masse, grâce à une ligne de
chemin de fer nouvellement crée. La proximité avec Philadelphie en
fait un lieu de villégiature particulièrement attractif pour les
ouvriers de la Cité de l'Amour Fraternel. Très vite, la ville se
dote de sa fameuse promenade (la plus grande du monde) et d'une
solide industrie hôtelière. Mais très vite, des activité moins
respectables se développèrent: prostitution, jeu...Dans un premier
temps, ce domaine fut la chasse réservée d'hommes d'influence qui
s'adonnaient autant à la politique qu'au racket. Smith Johnson,
Lewis P Scott et le congressman John J Gardner veillèrent au grain
dans un premier temps. Ils enfantèrent ce que l'auteur nomme,
à raison, la machine un système particulièrement lucratif qui
favorise leur ascension puis leur mainmise sur les postes à
responsabilité.
Puis vint le Commodore. De son vrai nom
Lois Kuehnle, il sera le premier boss de la ville. Sous son règne,
qui commence en 1890 et se termine en 1913 à la suite d'un scandale,
le parti Républicain signera un pacte avec le diable en se finançant
grâce à la fameuse machine. Il sera aussi un véritable visionnaire
qui fera de la modeste ville une un cité florissante. Mais il est
vite rattrapé par ses manigances et sera convaincu de corruption
dans une affaire de conflit d'intérêts qui le poussera à se
réfugier en Bavière.
Louis Kuehnle, dit le Commodore |
En son absence, c'est à Nucky Johnson
(le fils de Smith) de prendre la relève. Et là on touche au coeur de
l'ouvrage et de la série. Il utilisera le contexte particulier de la
Prohibtion pour faire d'Atlantic Coty un port d'entrée de l'alcool
de contrebande. Il fricotera avec de nombreux gangsters (Lucky
Luciano, Al Capone, Meyer Lansky...) et incarnera la corruption tout
autant qu'une certaine forme de génie politique. Un personnage
ambigu si il en est et qui servi d'inspiration à son équivalent
fictionnel nommé Thompson dans la série.
Enoch ''Nucky'' Johnson |
La suite est plus connue, la ville
connaîtra quelques soubresauts et fera l'objet de nombreuses
enquêtes, pour finalement devenir l'équivalent East Coast de Las
Vegas. Dans les années 80, les casinos poussent comme des
champignons, tout comme les salles de congrès. La ville conserve son
statut sulfureux malgré le temps qui passe et finit par attirer un
nouvel homme d'affaire véreux en la personne de Donald Trump...Les
points communs avec Végas sont d'ailleurs troublants: toutes sont
des lieux artificiels, basés sur le divertissement et bâtis par des
figures peu recommandables...
Atlantic City de nos jours |
On a donc affaire à un travail
remarquable, accessible et immersif qui nous donne l'impression de
visiter cette étrange cité, remontant sa légendaire promenade au
fil des décennies. La ville est clairement le personnage principal
et suivre son évolution au fil des visions de ceux qui se sont
succédé à sa tête est assez épique par moments. De nombreuses
problématiques sont abordées (crime organisé, politique,
racisme...). Le divertissement à tout prix, et sa face cachée nous
donnent l'impression de traverser l'histoire de la société américaine
dans son ensemble. Un complément indispensable à la série et une
lecture fascinante pour qui s'intéresse a l'Histoire américaine.
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