Auteur: William Gibson
Maison d'édition française: La
Découverte (puis J'ai Lu en poche)
Date de publication: 1984 aux USA, 1985
en France
Nombre de pages: 319 en poche
Dans un futur proche, rempli de cyborgs
et d'hologrammes... Case est un ancien ''cowboy'', un hacker d'élite.
A la suite d'une arnaque qui a mal tourné, ses clients lui ont
injecté une neurotoxine brisant son système nerveux, l'empêchant
de se connecter à la matrice pour continuer ses forfaits. Mais, un
jour, un contrat lui est proposé, et va l'amener bien plus loin
qu'il ne l'aurait cru...
Joie de vivre |
William Gibson est un écrivain de
science-fiction américain né en 1948, en Caroline-du-Sud. Pendant
son enfance, il devient un grand lecteur, du fait de sa solitude et
de son inadaptation sociale, il s'efforce de se construire une
''personnalité lovecraftienne'' (un homme de goût, donc) Sa vie
fut dure, il perdit successivement son père puis sa mère et se mit
à galérer en devenant brocanteur. Puis, il tombe les livres de la
Beat Generation (les auteurs qui, tels Jack Kerouac, ont bati la
contre-culture dans les années 50). Ensuite, se réfugie au Canada
pour échapper à une affectation sur le front vietnamien en 1972.
Il voyage beaucoup, se marie et fait une découverte capitale à
travers la musique punk. Ces deux éléments vont constituer les
bases de son univers pour les décennies à venir. Il décide de
devenir écrivain, commence par publier des nouvelles et, influencer
par l'adaptation ciné de Blade Runner, il se lance dans son premier
roman en 1983, le décisif Neuromancien.
Voilà pour l'homme, maintenant
l'oeuvre...Neuromancien (acronyme de Neuro, Romancier et
Necromancien) est tout simplement le livre manifeste du mouvement
Cyberpunk. Mais c'est quoi le cyberpunk? Et bien, c'est un sous-genre
de science-fiction qui met l'accent sur certains points, nombreux
mais précis: IA, cybernétique (bah oui, c'est dans le nom...),
transhumanisme, critique du capitalisme au travers des
mégacorporations, réalité virtuelle...Bref, un bon gros morceau.
Le nom est évoqué par la critique (Gardner R. Dozois , rédac' chef
du Asimov Science-Fiction Magazine) au début des années 80
pour définir le nouveau genre que Gibson vient de lancer avec son
chef d'oeuvre initial. Car oui, il s'agit d'un chef-d'oeuvre, d'un
travail bref, mais séminal qui va chambouler un certain nombre de
conventions. Car si on peut faire nos pinailleurs et faire remonter
le cyberpunk au Frankenstein de Mary Shelley (l'être humain
artificiel, plutôt futuriste, non?), c'est là que les choses
sérieuses commencent...
Environnement cyberpunk classique |
Mais revenons à nos moutons
(électriques). On suit donc les errances de Case, hacker déchu qui
semble laisser libre cours à une auto destruction pernicieuse (dans
cyberpunk, y'a punk, n'oubliez pas ça...) dans les bas fonds de
Chiba, au cœur d'une vaste mégapole japonaise. Les premières
lignes sont d'ailleurs splendides et posent merveilleusement bien le
décor: ''Le ciel au-dessus du port était couleur télé calée sur
un émetteur hors service...''. Il louvoie dans une environnement
ultra-criminogène (il y a un gros côté roman noir dans le roman et
le genre auquel il appartient). Il fait la rencontre de la
mystérieuse et dangereuse Molly, au service du tout aussi mystérieux
Armitage, qui va lui proposer une offre qu'il ne saurait refuser...la
récupération de ses capacités neuronales indispensables au
piratage mais il devra s'acquitter d'une tâche herculéenne en
échange, qui le mènera aux quatre coin du monde rée et virtuel et
même au delà, le tout accompagné de Muetdhiver, une IA
inquiétante...Ne spolions pas plus l'intrigue pleine d'ambiguïté
et de retournements de situations. On visitera la Conurb, vaste
métropole reliant les grandes villes américaines de la Côte Est,
le Japon et certains lieux en orbite...cet univers est surprenant,
riche, plein de petits détails dévoilés au rythme de multiples
descriptions d'objets, d'armes, de mouvements sociaux, du
cyberespace...
Vue d'artiste d'un Neuromancien en pleine action |
L'ombre de Phlip K Dick plane... |
Car oui, l'influence de ce livre est
tellement énorme qu'on devra y consacrer un ouvrage entier, voici
donc une liste pèle mêle: Matrix, Akira, Deus Ex, Ghost In The
Shell, Dark City, Equilibrium, le jeu de rôle Cyberpunk et tout le reste...bref, étant geek, on a les larmes aux yeux
et la reconnaissance au cœur en lisant ce livre splendide. Son héros
solitaire et manipulé, ses questionnements existentiels
(réalité/virtuel, immortalité...) et sa créativité sans limites
laissent pantois du début à la fin...Un classique aussi bref
qu'immense, une pierre angulaire pleine d'étranges circuits
imprimés.
Deus Ex Human Revolution, jeu vidéo sous influence gibsonienne |
A noter, il s'agit du premier tome de
la Trilogie de la Conurb (Sprawl Trilogy en anglais) dont Comte Zéro
et Mona Lisa s'éclate sont les suites indirectes et méconnues...
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